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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/150

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ni incestueux spirituel, il étoit du moins grand fourbe & grand hypocrite. Ne croyez point, qu’en l’accusant, je veuille justifier le pere Nicolas son adversaire. Il étoit pour le moins aussi coupable que lui, & beaucoup moins scrupuleux. Le jésuite conservoit une certaine décence. En examinant une plaie au-dessous du téton gauche, il avoit une excuse prête, si la fantaisie lui eût pris de la baiser. Politique dans toutes ses démarches, l’air austère & pieux ne l’abandonne jamais. [1] Mais le carme agissoit en carme : il alloit tout droit son grand chemin, ne s’amusant point à la bagatelle, il usoit des priviléges de son ordre [2].

« Convenez donc, monsieur l’abbé, que votre zéle pour le pere Girard est outré, & à vous parler franchement, c’est aimer à défendre d’étranges paradoxes, que de

  1. Interrogé, s’il n’a jamais baisé cette plaie ? A répondu que non ; mais que s’il l’avoit cru à propos, & qu’il eût baisé cet ulcère, il l’auroit fait à l’exemple des saints, ou par un esprit de religion, ou par un esprit de mortification. Recueil, tom. V. Pag. 14.
  2. Il est prouvé dans plusieurs endroits de la procédure, que le pere Nicolas avoit une inclination infinie à abuser de la Cadière ; ils couchoient en campagne dans la même chambre. Recueil, tom. V. pag. 103.