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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/167

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appareil & cette pompe ne fut que pour empêcher un soulevement parmi le peuple. Dès qu’il fut arrivé, les travailleurs commencerent d’ouvrir la terre. Lorsqu’il furent parvenus à l’endroit où reposoit le corps, & qu’ils commencerent à donner du jour aux phosphores, les matières combustibles s’allumèrent ; il sortit du tombeau une flamme si vive & si éclatante, que ceux qui creusoient furent privés, pendant quelques momens, de la vûe. Ils crierent miracle les premiers. Le peuple en fit autant ; & les prêtres annoncerent alors la volonté du saint qui ne prétendoit point quitter sa retraite. L’imagination des Egyptiens préparée aux prodiges, saisit avidement celui-là ; & l’on recouvrit sur le champ le tombeau, sans oser aller plus loin. Le gouverneur, bon politique & bon courtisan, profita adroitement de ce prétendu miracle pour satisfaire le peuple, sans blesser les ordres de son maître, à qui il écrivit ce prodige, constaté par plus de dix mille personnes. Le calife voyant que le saint se trouvoit bien, & qu’il ne vouloit point déloger, consentit à le laisser dans son ancien tombeau, où il est encore, & où les dévots Mahométans vont en foule faire leurs prieres. [1]

  1. Mallet, relation d’Egypte, Part. II.