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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/200

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quoique la chose puisse arriver, combien n’examineroit-on point ces piéces, combien de gens n’écriroient pas pour ou contre, pour en constater la vérité, ou pour la combattre ? Les œuvres de Pétrone sont une preuve évidente de ce fait.

Ceux qui soutiennent le ridicule systême qui veut rendre suspects les précieux restes de l’antiquité, s’appuyent beaucoup sur l’ignorance des tems où ces auteurs ont été contrefaits. Prends-garde, mon cher Brito, comme un raisonnement absurde en entraîne nécessairement un autre. Quelle folie ou plutôt quel aveuglement de croire que les œuvres de Demosthène, de Quintilien, de Virgile, d’Horace, de Perse, &c, soient les productions d’un siécle plongé dans l’ignorance ? [1]

Eh quoi ! La stupidité & la bêtise produisent

  1. Ce passage a besoin d’être expliqué plus clairement ; car parmi le peu d’ouvrages que le pere Hardouin regarde comme véritablement anciens, il met les satyres & les épîtres d’Horace, les Géorgiques de Virgile ; mais il rejette toutes les odes de ce premier, & l’Enéide de ce dernier. Il a découvert, à ce qu’il prétend, qu’il y a je ne sçais combien de siécles que plusieurs personnes réunies ensemble se chargerent du soin de composer l’histoire ancienne, qui étoit entièrement perdue. Il est parfaitement informé du siécle auquel ont vécu ces gens-là, aussi bien que du lieu où ils ont écrit leurs ouvrages. Pour tous monumens de l’antiquité, ils n’avoient que Cicéron, Pline, les Géorgiques de Virgile, les satyres & les épîtres d’Horace. Il croit que nous n’avions point d’autres monumens de l’antiquité que ceux-là, excepté quelques fastes, & fort peu d’inscriptions. Deprehendit ille…… Coetum certorum hominum ante saecula nescio quot extitisse, qui historiae veteris concinnandae partes suscepissent, qualem nunc habemus, cum nulla tunc extaret. Sibi probe notam illorum aetatem atque officinam esse, inque cam rem istis subsidio fuisse Tullium, Plinium, Maronis Georgica, Flacci sermones & epistolas ; nam hoec illa sola censet… ex omni Latinitate sincera monumenta, praeter inscriptiones admodum paucas, fastos nonnullos. Harduini chronologia ex nummis antiquis restituta, Prolus pag. 60.