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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/207

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ont décidé, ne se soumettent-ils pas aveuglement ? N’avouent-ils pas qu’il ne leur est point permis d’agiter la validité des décisions des assemblées qu’ils appellent conciles ? Pourquoi vouloir exiger des Coptes ce qu’eux-mêmes ne font point ? Par quelle raison l’Egyptien est-il plus obligé de douter de la décision de son pontife, & de l’examiner avant de la croire, que le nazaréen ?

On ne peut nier qu’il n’y ait dans toutes les religions des gens de bonne-foi. Un nazaréen croit que sa religion ne lui permet point de l’examiner, & d’en juger par la raison. Le Copte est dans le même systême : il est aussi persuadé de la science & de la candeur de ses pontifes, que le nazaréen des siens. Ils doivent donc, en raisonnant selon leurs principes, rester tous les deux dans leur croyance, sans l’examiner & sans en disputer : car il est ridicule qu’un des deux veuille exiger de l’autre ce qu’il condamne lui-même.

Voilà le défaut le plus considérable, selon moi, qu’il y ait dans la religion nazaréenne papiste. La raison & la lumière naturelle, que le ciel accorda aux hommes pour se conduire, leur devient inutile. Dès qu’un pontife a parlé, tout est fini, tout est décidé : il est défendu d’examiner tout