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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/273

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la récompense de leur mérite à la tête de leur corps. Ne fût-ce qu’une couronne d’olivier qu’on leur donnât, dès qu’on y attacheroit une idée de gloire, que ne feroient-ils pas pour la mériter ? Un ruban rouge ou bleu n’est pas quelque chose de bien essentiel : que n’entreprend-on pas pour l’obtenir ? Ces sortes de récompenses animent les esprits, les tiennent dans un continuel exercice, les excitent à la vertu, réveillent dans tous les cœurs, l’amour de la gloire, & ne coûtent rien à l’état.

Qu’il seroit heureux pour les peuples que les souverains ne récompensassent que ceux que le mérite éleveroit au-dessus des autres ! Que de pensions supprimées rentreroient dans leurs trésors ! Combien de moyens n’auroient-ils pas de soulager leurs peuples, & de diminuer les impôts ! Combien de femmes, de gens de robe & de courtisans, apprendroient à ne plus faire de folles dépenses, que la veuve, l’orphelin & le paysan, sont souvent obligés de payer.

Le ministère de France, sage & prudent, a tâché d’obvier aux abus des pensions. Autrefois, il suffisoit d’avoir des amis auprès des souverains pour obtenir ce qu’on demandoit. Actuellement