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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/345

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LETTRE XCIII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, caraïte, autrefois rabbin de Constantinople.

Les mœurs des Flamands & Brabançons sont assez semblables à celles des François leurs voisins : mais les génies de ces deux nations sont très-opposés. Le peuple de Bruxelles, & de tout le Brabant en général, est un peuple franc, doux, & médiocrement civil : mais il est naïf jusqu’à l’excès : & sa naïveté approche un peu de la stupidité. On diroit que les hommes se ressentent de l’air gras du pays, & que le climat influe sur l’esprit comme sur le corps.

Les nobles poussent les chimères de leur qualité jusqu’à la folie : un poëte n’est pas autant prévenu en faveur de ses ouvrages, qu’un gentilhomme Bruxellois en faveur de sa noblesse. Il y a plus d’excellences dans cette ville, que dans tout le reste de l’univers : un homme n’y est grand, estimable, respectable, qu’autant qu’il joint l’excellence à son nom. Aussi faut-il avouer qu’on n’a des titres en aucun endroit du monde à aussi