Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les jésuites mêmes dans ces provinces (choses surprenantes & incroyables !) ont peu de génie ; & leur politique se ressent de la grossièreté du climat. Ils n’ont cependant pas moins d’ambition qu’ailleurs : mais ils sçavent moins la couvrir. Ils travaillerent pendant quarante ans à Bruxelles, pour avoir de grosses cloches comme on en a dans les églises paroissiales mais comme cela n’est pas communément pratiqué, on ne vouloit point leur accorder cette permission qu’ils sollicitoient en vain. Désespérant de réussir, ils s’adresserent à leurs confrères de Paris, pour les consulter dans une affaire de cette importance ; qui devoit faire enrager les curés, & crever de jalousie les autres moines. Les jésuites de Paris, piqués du peu de pénétration de leurs confrères, dédaignerent de leur répondre eux-mêmes, & chargerent un simple frere-lai de cette affaire ; lui laissant le soin d’indiquer à leurs frères épais de Bruxelles l’expédient qu’il jugeroit le plus à propos.

Ce frere se piqua d’honneur, voulut montrer qu’il avoit lui seul plus d’esprit que tous les Ignaciens Bruxellois. Il leur écrivit donc un billet dans le goût des épîtres Lacédémodiennes, qui ne contenoit que ces mots : Servez-vous, mes peres,