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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/37

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Il n’est point de pays, après Naples, où l’on assassine aussi sûrement & à si grand marché qu’à Milan. Il est vrai que les Allemands & les François se sont opposés vivement à cette espèce de commerce. On ne laisse pourtant pas de trouver très-aisément nombre de gens, qui, pour une pistole, vous délivrent d’un ennemi. Lorsqu’ils trouvent quelque difficulté à exécuter la chose, & que leur expédition traîne en longueur, pour abréger toutes les cérémonies, ils attendent celui qu’ils veulent assassiner auprès d’une église, dans laquelle ils se retirent avec beaucoup de sang-froid, après avoir fait leur coup.

J’ai examiné, mon cher Monceca, d’où pouvoit venir l’immunité qu’on avoit accordée aux temples dans plusieurs religions différentes ; & après avoir considéré attentivement les raisons qui avoient occasionné cet usage, je n’en ai point trouvé d’autre que l’ambition des prêtres. Chez les Egyptiens, chez les Grecs, chez les Israélites, nos peres, ceux qui étoient chargés du culte divin n’avoient pas moins d’ambition que ceux qui le font dans ce tems-ci. Ils crurent se rendre respectables aux particuliers, en leur donnant un azyle dans les malheurs qui pouvoient leur arriver. Ils ne distinguèrent