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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/39

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le voile de la piété, autorise ainsi le crime ? Heureuses les nations nazaréennes qui n’ont point donné dans cette erreur, & qui punissent les forfaits jusques dans le sanctuaire.

Milan est fourni d’aussi bonnes reliques & aussi opérantes qu’aucunes villes d’Italie. Celles de Charles Borromée sont des plus considérables. Elles sont conservées dans un cercueil fait de plusieurs morceaux de cristal de roche, assemblés & joints ensemble par des plaques de vermeil. Le corps de ce nazaréen se voit encore en son entier au travers du cristal. Il est vrai que malgré les soins infinis qu’on a pris en l’embaumant, on n’a pû garantir qu’une partie de son nez ne fut endommagée par la fuite du tems.

Un moine, à qui j’en demandois la raison, m’assura que Dieu avoit permis ce miracle à cause que le saint avoit trop aimé pendant sa vie les bonnes odeurs, & que la perte de la moitié de son nez étoit la punition de sa sensualité. Si la Divinité marque ainsi les défauts des saints nazaréens, je crois qu’il est peu de moines canonisés à qui l’on puisse voir la langue ; car ils ont été, pour la plûpart, grand gourmands & grands menteurs.

Si les juifs étoient dans le goût des reliques,