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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/43

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à ces deux habiles avocats. Si l’on compare cependant les orateurs François aux Cicérons & aux Démosthènes, on trouve que leur mérite est bien inférieur à celui de ces anciens. Ils n’ont ni leur majesté, ni le sublime de leur génie, ni le feu de leur imagination. J’ai recherché la cause de cette différence ; & après avoir connu pleinement qu’elle ne pouvoit venir de ce que Cicéron & Démosthène étoient des hommes qui ne sçauroient être égalés, puisque la nature se ressouvenoit encore de la façon dont elle avoit formé leurs cerveaux, j’ai découvert que les situations des orateurs anciens, & les sujets qu’ils traitoient, occasionnoient leurs avantages.

Il est des matières qui d’elles-mêmes fournissent à l’esprit des idées grandes, sublimes & magnifiques : elles n’ont pas besoin pour élever l’esprit, de l’arrangement des phrases, de l’harmonie des paroles ; les mots les plus simples suffisent pour les exprimer. Lorsqu’on parle de la Divinité, par exemple, toutes les notions que l’entendement en reçoit l’attachent, le saisissent, le transportent en quelque manière au-delà de sa sphère. Alors, la diction la plus commune, pourvû