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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/79

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firent périr plusieurs habitans de ce royaume, & persécuterent beaucoup les autres, en haine de l’hérésie de Dioscore, patriarche d’Alexandrie, dont la nation Egyptienne avoit embrassé la doctrine, qu’elle suit encore.

Les princes Arabes & Sarrazins acheverent presque de détruire les anciens Egyptiens : ensorte qu’aujourd’hui la langue Copte n’est plus entendue par les Coptes mêmes : le dernier qui la sçavoit, étant mort depuis quelques années.

Voilà un idiome dont les livres & les écrits nous sont inconnus pour toujours. C’est ainsi qu’a fini autrefois la connoissance des hiérogliphes : & sans le secours de l’imprimerie, peut-être le Grec eût-il eu le même sort dans la suite des tems. Le nombre des Turcs & des Juifs augmente tous les jours à Constantinople : celui des Grecs diminue à vûe d’œil. Depuis long-tems, le Grec moderne n’a rien de commun avec l’ancien, ou du moins très-peu de chose. Peu-à-peu tout le monde écrira en Turc dans le Levant ; les caractères Grecs ne seront peut-être connus dans cinq cent ans d’ici, que des habiles nazaréens Anglois, François, Allemands, Hollandois. Les anciens habitans de la Grèce n’en auront aucun usage,