Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/40

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comme du bien et du mal moral, que par la voie des sens.

« Dès que nous touchons, que nous entendons, que nous voyons, etc., un objet, des particules d’esprit se coulent dans les petites cavités des nerfs qui vont en avertir l’âme. Si vous avez assez de ferveur pour rassembler, par la force de la méditation sur l’amour que vous devez à Dieu, toutes les particules d’esprit qui sont en vous, en les appliquant toutes à cet objet, il est certain qu’il n’en restera aucune pour avertir l’âme des coups que votre chair recevra : vous ne les sentirez pas. Voyez ce chasseur, l’imagination remplie de forcer le gibier qu’il poursuit, il ne sent ni les ronces, ni les épines dont il est déchiré en perçant les forêts. Plus faible que lui, dans un objet mille fois plus intéressant, sentirez-vous de faibles coups de discipline, si votre âme est fortement occupée du bonheur qui vous attend ? Telle est la pierre de touche qui nous conduit à faire des miracles ; tel doit être l’état de perfection qui nous unit à Dieu. Nous allons commencer, ma chère fille : remplissez bien vos devoirs, et soyez sûre qu’avec l’aide du cordon de saint François et votre méditation, ce pieux exercice finira par un torrent de délices inexprimables. Mettez-vous à genoux, mon enfant, et découvrez ces parties de la chair qui sont les motifs de la colère de