Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/142

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qui répandait une poudre blanche sur les épaules de Dieutegard.

Elle avait chaviré sur lui en désordre ; un de ses seins avait jailli hors du corsage ouvert très bas, et sa fleur, sensible et menue, pareille à une rose thé cueillie depuis le matin, semblait attendre la goutte d’eau qui ramène la fraîcheur première. Ninon le vit bien et ne le cacha pas. Mais le chevalier, lui, ne le vit point, tant il était descendu profondément dans l’ivresse. Il fermait les yeux et semblait cueillir au dedans de lui un étrange ravissement, comme les personnes qui viennent de mourir. Ninon le froissait tout entier de ses caresses, molestait son visage de vierge, à deux mains, lui crevait contre les dents sa gorge gonflée. Mais elle se rajusta tout à coup, en faisant une vilaine grosse moue de petite fille, puis elle lança un éclat de rire et dit sèchement :

« — Venez-vous ? »

Elle prit les devants dans la tortueuse allée du labyrinthe, et il la suivit en silence.

Tout à coup, alors qu’ils allaient sortir, Dieutegard lui sauta au cou et l’embrassa avec l’audace stupéfiante des jeunes gens très ti-