Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/197

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ce qui est sur le revers de la colline est de peu d’attrait dans un récit.

Dieutegard suivit la voiture du roulier qui le ramenait vers son point de départ. Tout seul, il n’eût peut-être pas eu la triste audace de retourner au lieu même d’où il avait fui ; mais il chargeait les sacs de blé de sa lâcheté amoureuse ; il se laissait traîner par ce brutal chariot. Le chariot ayant passé la rivière au premier bac, il la passa avec lui ; il marchait dans le voisinage du roulier, et il répondait au bavardage grossier de cet homme. Je crois que peu s’en fallut qu’il ne lui contât sa peine !

Cependant, ayant abordé l’autre rive, le roulier prit un méchant chemin qui se dirigeait vers Bourgueil, et Dieutegard fut indécis. Car il se plaisait à s’imaginer qu’un décret de la Providence avait fait passer cette voiture pour l’engager à revenir sur ces pas ; mais, du moment que la voiture s’éloignait, il cessait de croire au décret de la Providence. En outre, il ne voulait pas, vis-à-vis du roulier, avoir l’air d’un jeune homme qui ne sait pas où il va ; or comme trois chemins s’ouvraient précisément, en patte d’oie, à l’endroit du bac,