Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/266

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bain de Ninon, et il éprouvait un sombre plaisir à voir étinceler les prunelles de son rival barbare. Cornebille excitait Dieutegard à parler de la marquise, et il avait sans cesse l’envie de le tuer quand il était question des faveurs qu’elle lui avait témoignées, mais il ne le faisait pas, parce qu’il voulait entendre encore parler de Ninon le lendemain. Alors il inclinait l’entretien sur Châteaubedeau, et c’était celui-là de qui, dans l’ombre, il étranglait le fantôme.

Ils couchaient sur la paille et sur de vieux chiffons que Marie Coquelière apportait parfois, en cachette, dans ses poches, car cette honnête femme n’eût osé voler une aune de drap à ses maîtres. Elle ne s’aventurait d’ailleurs plus guère à la cabane, parce qu’elle se mourait du regret d’avoir parlé, après avait failli mourir de ne point parler, et elle croyait que Cornebille l’avait punie en lui envoyant la maladie qui la consumait.

Dieutegard avait eu son habit feuille-morte très endommagé par le contenu du vase reçu sous les fenêtres de Ninon ; il l’avait fallu plonger dans la rivière, le pauvre habit décoloré et mal odorant, et sa belle soie rétrécie,