Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

range ? le vol céleste des hirondelles ? la cime heureuse d’un érable tout frémissant ? la grosse perle d’eau qui coule à regret suivant la courbe d’une hanche humide ? Soudain la brise entr’ouvre la haie d’arbustes touffus, et le couchant éclatant apparaît comme un dieu qui vient surprendre les nymphes. Elles se lèvent, effarouchées, courent à leur linge et s’habillent, avec des pudeurs, à l’abri des colonnes.

Proche de là, Ninon fit construire un champignon pouvant couvrir une compagnie de musiciens et une chaumière rustique où s’abriter en cas de pluie. Elle aimait les concerts à la nuit tombante, aussitôt poussé le dernier cri d’oiseau. Et elle s’énervait par l’effet de la musique et à la contemplation du jeune Amour. Parfois même, elle restait seule ici, s’asseyait à portée de ses traits, et la crainte fictive de la blessure de l’enfant pubère l’alanguissait de longues heures durant.

Elle regrettait que son mari passât ses journées à la chasse, répandît une si forte odeur et fût si velu. Cependant elle fermait les yeux et l’imaginait près d’elle, la saisissant dans ses grandes mains, comme aux premiers jours.