Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jacquette commença par vider très gloutonnement les grosses bonbonnes que sa nourrice, Marie Coquelière, — cette grosse femme qui craignait le sorcier Cornebille et qui a accouché une seconde fois depuis que nous avons parlé d’elle, — tirait à discrétion de son corsage ; et elle suçait le bout du doigt paternel, venu là, en passant, faire toc-toc, comme au flanc des barriques pour savoir où en est le niveau. À cet âge-là, elle n’était pas plus agréable à fréquenter que les autres nourrissons. Offrons-nous donc l’avantage de la voir grandir à vue d’œil.

La voici, au bout des lisières, qui trottine sur ses jambes de poupée, lancée en avant, ou virant tout à coup, pareille à un joujou à ressort. Elle aime à voir, à la cuisine, tourner la broche des rôtis par un marmiton aux mains sales ou par un chien qui court sans avancer jamais, dans une grande roue, en tirant la langue ; elle va visiter, dans leur toit, les lapins domestiques qui rongent une feuille de chou quand ils ont les oreilles en haut, ou dorment quand ils ont les oreilles en bas, les vaches dans une grande salle voûtée et tendue de