Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
MADEMOISELLE CLOQUE

demander, fallait pas me gêner, parce que son fils va être dans les honneurs. C’est joli à son âge, et vu qu’il n’est qu’un simple travailleur. Elle m’en a donné deux petites tablettes ; je ne mourrai toujours pas de faim d’ici après-demain ; car pour ce que j’en mange, c’est pas une souris qui s’en contenterait… Il y a encore du bon monde…

— Ah ! vous allez chez Loupaing, à présent ? Est-ce que vous lui parlez aussi du bon Dieu et de la Sainte Vierge ?

— Eh ! là ! ma pauvre demoiselle, on va chez l’un comme chez l’autre. C’est-il pas le plus généreux que le bon Dieu bénit, sans se préoccuper s’il pense noir ou bien blanc ? Voilà qu’ils disent à cette heure qu’on ne peut pas avoir la puissance en même temps qu’on est dans la dévotion ; eh bien ! faut-il pas qu’il y en ait qui soient au pouvoir ? Eh ! là, pardi, que ça soit ceux-ci, que ça soit ceux-là…

— Dites-donc ! mademoiselle Pelet, est-ce que c’est pour venir me parler ce langage-là qu’on vous a donné du chocolat chez Loupaing ? Je vous préviens une fois pour toutes que cela ne me plaît pas et que si cela se renouvelle, je vous prierai de passer devant ma porte sans vous arrêter.

— Heu ! heu ! je vous aurais-t-il fâchée, mademoiselle, qui êtes bonne comme le bon Dieu en personne ? Eh ! là, là, j’ai-t-il du malheur ! On dit, on dit comme ça sans penser à mal ; nous autres