Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
MADEMOISELLE CLOQUE

— Mais il n’y a pas de précipices ! vous ne savez rien encore, ayez donc la patience d’attendre un peu avant de compromettre la sainte cause… Il n’y a point de grande chose accomplie sans quelques sacrifices…

Mme Pigeonneau s’agitait parce qu’elle avait hâte de rentrer au magasin, et elle n’osait se retirer au milieu de la bagarre.

— Voyons ! Mesdemoiselles, glissait-elle de temps en temps, il doit y avoir malentendu…

Les quatre jeunes filles pâlissaient et se tenaient rangées derrière leur père qu’elles tiraient à tour de rôle par la manche ou par les basques de sa redingote en lui soufflant :

— Allons-nous-en ! Allons-nous-en !

M. Houblon se trouvait dans un cruel embarras. Son désir était de se mettre à parler et de convertir ; mais, dans le cas présent, il se heurtait au caractère éminemment dangereux de son manifeste : il ne pouvait soutenir qu’il était anodin.

On était arrivé au coin de la rue Saint-Martin, vis-à-vis le grand magasin de blanc mis à l’index par les Basiliciens, et les commis, de l’intérieur, se montraient en souriant, entre des mouchoirs de batiste et des cravates de soirée, ce combat de catholiques.

— Le Frère Gédéon ne nous a pas trompées !… s’écriaient les demoiselles Jouffroy.

Au nom du Frère Gédéon, Mme Pigeonneau