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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/164

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EXÉCUTION

avait vécu, il n’aurait pas laissé cette malheureuse liaison s’engager si avant, parce qu’il eût bien vu, lui, comme elle l’avait fait elle-même sans avoir le courage de s’arrêter, le défaut imperceptible mais dangereux de cette famille.

— Vois-tu, mon enfant, disait-elle, ce sont des gens qui donnent dans toutes les nouveautés. Je ne prétends pas qu’il soit nécessaire de rester perpétuellement encrouté ; il y a des innovations qui sont bonnes, mais il y a une chose qui ne change point, c’est l’honnêteté et c’est le respect de notre sainte religion. On ne transige point avec cela. Quand le moindre accroc se produit, tout se déchire. Sans doute, il faut être bon, et je n’ai point de haine pour les infidèles ; mais, cela n’empêche pas que si vous recevez tous les jours à votre table des personnes qui ne sont même pas chrétiennes, il y a des chances pour que la religion soit reléguée au second plan dans la maison. Est-ce que c’est possible ? Est-ce qu’on t’a appris à admettre une chose pareille ?

— Non, tante.

— La religion au second plan, c’est la religion foulée aux pieds, et avec elle tous les principes, toute la morale. Après ça, c’est la débandade… Ah ! si j’avais su plus tôt le rôle que jouaient les Niort-Caen dans la famille ! Je me disais : ce sont des juifs, c’est vrai, mais ils ont laissé leur fille abjurer ; c’est déjà un bon pas de fait, et il y