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MADEMOISELLE CLOQUE

Mais elles dînèrent vite sans s’occuper beaucoup de cette brute. Le jet de la lance contre les fusains venait par moments s’éperler en gouttelettes jusque sur le pas de la porte entr’ouverte. Par deux fois même la petite pluie fine frappa les vitres. Mais ce fut à peine si on tourna la tête. On eût dit que la lettre à mettre à la poste les brûlât. L’une et l’autre, pour des raisons diverses, avaient la même hâte d’en finir. Sans qu’elles y fissent aucune allusion, tous leurs mouvements semblaient combinés en vue de cette même action à accomplir. La tante la considérait comme une fin, une conclusion définitive à la période d’inquiétude et de tergiversations qu’elle venait de traverser. Qu’est-ce donc qu’y voyait la nièce pour désirer ainsi l’achèvement de ce qu’elle redoutait le plus ? Qui sait jamais ce qui se passe dans les jeunes têtes ? La logique ne les gouverne point, et elles n’ont pas le sentiment de l’irrévocable.

Il était encore presque jour quand elles sortirent, mais quelques femmes de la rue de la Bourde étaient déjà installées aux portes pour prendre le frais. Celles qui connaissaient Mlle Cloque lui adressaient un signe de la tête ; et toutes, sans distinction, se poussaient le coude en se montrant Geneviève :

— La demoiselle à Mlle Cloque est arrivée…

On tournait soit à droite, soit à gauche de la vieille église Saint-Clément en ruines et servant