Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
EXÉCUTION

sentait son provisoire, comme une maison qui se lance et qui n’attend que le terme pour élargir ses murs. Et il y avait à même le sol une demi-douzaine de ces hautes boîtes noires, à coins cuivrés, où les commis-voyageurs enferment en un étroit espace de quoi monter des magasins On avait aussi établi plusieurs étagères volantes portant un nombreux choix de statuettes en biscuit ou en nickel, la plupart enveloppées encore dans les chemises de papier de soie.

Le Frère Gédéon était assis sur une de ces fécondes armoires à pacotille ; un trousseau de clefs suspendu par l’anneau au petit doigt, il rangeait sur la plate-forme des autres boîtes une série de pierres informes sur chacune desquelles il avait fixé préalablement des étiquettes en papier gommé.

En présence de tout cet appareil commercial, Mlle Cloque n’eut qu’une idée qu’elle ne put retenir :

— Ah çà ! mon cher Frère, s’écria-t-elle, savez-vous que Notre-Seigneur chassa les vendeurs du temple ?

Le Frère la regarda derrière ses lunettes, et l’on vit l’arc de son nez éprouver sa flexibilité :

— C’est un sujet que j’ai là en chromolithographie à quarante-cinq centimes sans le cadre, reproduction fidèle d’un tableau célèbre…

Et il désignait du doigt l’étage d’une des boîtes noires qui scandalisaient Mlle Cloque. D’ailleurs,