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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/19

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MADEMOISELLE CLOQUE

Quand on est son père ou sa mère, on prend plus facilement une décision.

— S’il s’agissait de la marier à quelqu’un sans argent où à un olibrius qui ne lui plairait point, je comprendrais que vous ayez de la peine, mais d’abord elle en est folle de son militaire, Mlle Geneviève, ça, on peut le dire…

— Taisez-vous, Mariette, ne dites pas des choses comme cela ! Vous ne savez rien, et cette enfant est trop jeune, élevée comme elle est, à son couvent, pour savoir seulement ce que c’est que…

— Que de sentir que ça lui fait toc toc sous sa médaille de sagesse ? Allez donc ! faut pas vous tourmenter, Mademoiselle ; la poule sait chanter avant d’avoir pondu. Je vous donne ma parole…

— Allons ! faites ce que vous avez à faire, vous bavarderez une autre fois. Je vais voir si le journal est arrivé.

Le samedi soir, le Journal du Département arrivait une heure plus tôt que de coutume, et le porteur, s’il ne pleuvait pas, le glissait sans sonner sous la porte du jardin donnant dans la rue de la Bourde. Mlle Cloque traversa le petit parterre grand comme la main qui entourait deux côtés de la maison. Avec des prodiges de soins et d’économies, elle y entretenait elle-même des rosiers et quelques fleurs. Une haie de fusains séparait son jardinet d’une grande cour encombrée de tuyaux de poêle, de lames de zinc, de