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MADEMOISELLE CLOQUE

Et comme elle poussait la porte, la même voix ajouta :

— C’est la maison du peuple, chez moi, nom de D… ! Ici tout le monde est chez soi !

Mlle Cloque eut la présence d’esprit de dire :

— Pas moi, du moins, monsieur Loupaing, car vous ne me faites pas grâce de mon loyer, que je sache ?

Il y avait, en face de Loupaing, son beau-frère le plâtrier. Celui-ci ôta sa casquette et se mit à rire.

— Ah ! dit Loupaing, en frappant un grand coup sur la table où il était assis, voilà mademoiselle Cloque, tonnerre de D… ! Ne manquait plus que ma bonne amie !…

Ce mot fit encore rire le plâtrier.

Mais la vieille fille regarda Loupaing d’un air si calme, si résolu et si digne, qu’il n’ajouta plus rien, et fut, des deux, le plus mal à l’aise.

Elle avait le nœud des brides de son chapeau, sous le menton, irréprochable, comme toujours ; ses bandeaux gris étaient bien lissés, sa figure honnête de femme n’ayant connu jamais qu’une ligne de conduite, qu’une foi, qu’un but, en imposait à tout le monde.

La mère et la femme de Loupaing arrivèrent en même temps de la pièce voisine ; elles dirent bonjour poliment à la locataire, et lui demandèrent des nouvelles de sa nièce.

— On sait donc déjà qu’elle a eu une petite indisposition ?