Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
MADEMOISELLE CLOQUE

eût regardé cette combinaison d’un œil bienveillant, la chère enfant eût pu trouver la santé et le bonheur quasi à votre porte et sans recourir à des expéditions lointaines…

Mais Mlle Cloque traitait, à part soi, de rengaines la proposition de l’abbé Moisan. Outre qu’elle jugeait imprudent de parler mariage en ce moment à Geneviève, elle préférait encore pour celle-ci le voyage et son imprévu, à la piteuse solution d’un véritable enterrement dans un village.

— Plus tard, monsieur l’abbé, nous verrons ; nous avons le temps de penser à cela.

Vers le milieu de mai, un omnibus du chemin de fer vint prendre ces demoiselles, rue de la Bourde. On empila les bagages brutalement au-dessus de leurs têtes. À chaque heurt violent, elles sautaient, l’une et l’autre, sur la banquette, car leur vie enclose et abritée des rigueurs physiques leur donnait une sensibilité excessive.

Mariette bougonnait :

— C’est autant fait pour voyager que moi pour dire la messe !

— Adieu ! adieu !

— Portez-vous bien !

Le gros vacarme de l’omnibus attira aux fenêtres quelques figures de femmes hébétées. Elles se retournaient vers l’intérieur pour annoncer ce qu’elles avaient vu. D’autres sortirent. Et, il s’en trouva un grand nombre dehors pour commenter l’événement.