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MADEMOISELLE CLOQUE

vous voie plus, entendez-vous ? Que je ne revoie jamais vos figures !

Les deux femmes s’étaient levées. Victorine avait gagné aussitôt la porte qu’elle tenait entr’ouverte. Aux cris de sa maîtresse, Mariette, qui n’était pas loin, entre-bâillait aussi la porte du côté de la cuisine. Le courant d’air emporta le journal déplié sur la table.

Loupaing n’était pas fier en face de la sincérité et de l’absolutisme de cette indignation. Il n’était pas brave. Ce fut la mère qui osa parler :

— C’est pas la peine de nous faire un affront. On n’a pas eu l’idée de vous offenser. C’était une chose qui nous plaisait ; on a voulu s’en expliquer, c’est pas plus méchant que ça… Pardi, on sait bien que vous n’estimez pas les travailleurs : c’est plutôt la dorure qui vous tape dans l’œil ; mais c’est comme pour le reste : faut y mettre le prix. Vous n’êtes pas non plus sans savoir, comme dit cet autre, que faute de grives on mange des merles ? Peut-être bien qu’un jour vous ne serez point si faraude… Mais parle donc, toi aussi, ajouta-t-elle en secouant le bras de son fils qui restait coi.

— Qu’est-ce que tu veux que je dise ? fit-il. On a peut-être bien eu tort : je vous l’avais-il pas dit aussi que ça n’irait pas comme on voudrait ?

— Mais cause-lui donc, dis-lui donc quelque chose à elle, avant de t’en aller, pour raccommoder les affaires !