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LA CHAPELLE PROVISOIRE

fait surnommer la Mouche. Rarement la Mouche avait manifesté une aussi grande fébrilité qu’aujourd’hui. Par son contact multiplie, chaque groupe venait de recevoir, en même temps que la petite piqûre, une maladive impatience touchant le sermon de M. l’abbé Janvier, vicaire général.

Cependant, quand il parla, on eut la secousse du coup de foudre attendu et qui surprend in­failliblement.

C’était un homme très savant et très écouté qui, six mois de l’année, faisait à la chapelle Saint-Martin une sorte d’instruction positive et documentée agréable aux esprits précis. Il s’enflammait rarement et ne parlait que pour dire quelque chose, ce qui lui valait une réputation d’originalité diversement appréciée. Quelques-uns le trouvaient froid et sec, d’autres un peu terre à terre, sous le prétexte qu’il s’attachait plutôt à l’histoire religieuse qu’à la théologie ; certains l’accusaient d’avoir l’esprit protestant.

Du même ton impassible et un peu monotone qu’il employait à raconter les batailles de Constantin, il aborda le sujet brûlant de la construction d’une église digne des précieux restes de saint Martin. Il tenait, comme toujours, dans la main gauche, sa montre d’argent assujettie par une petite ganse noire qui emmaillotait l’annulaire. Il parlait vingt minutes, jamais plus, et son seul geste consistait à regarder l’heure au creux de sa main.