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DES MYTHES EN GÉNÉRAL.


l’homme de savoir. Les recherches mythologiques restèrent donc bornées a un système d’herméneutique la clef de cette écriture inconnue une fois supposée trouvée, on ne se demanda pas quelle raison avait fait attribuer à chaque signe la valeur qu’il avait on aurait cru perdre son temps à un problème insoluble. Mous essayerons de prouver qu’il est possible de surprendre les mythes au moment même de leur éclosion et de rendre compte de forme qu’ils adoptent.

On peut aller plus loin l’interprétation est un système trompeur, car il fait supposer que la fable est comme un vêtement jeté sur la vérité pour laisser à l’esprit le mérite de la découvrir. Tel n’est pas, à notre avis, le vrai caractère de la mythologie. Les fables (nous parlons seulement des plus anciennes, et non pas de celles qui, par imitation, ont été inventées par les poètes), les fables ne contiennent aucun mystère ; elles ne sont ni des faits historiques déguisés, ni des allégories, ni des métaphores, ni des symboles.Nous ne croyons pas que l’homme y ait enveloppé des idées trop abstraites pour être comprises sans image, ni trop hardies pour être exposées il découvert, ou de trop grand prix pour sortir de l’enseignement des sanctuaires et être livrées il la foule. Elles ne sont pas l’expression d’une antique sagesse ; elles n’ont à nous apprendre aucune vérité profonde, ni physique, ni morale. Elles ne sont pas davantage le fruit de l’imagination poétique d’un peuple inventant des contes afin de satisfaire son goût pour le langage figuré, pour les allégories et