Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/109

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& qu’il y reſide quelque puiſſant Demon. Ils ne ſe contentent pas de former de ſimples vœux, ils les accompagnent ſouuent d’vne eſpece de ſacrifice. I’en ay remarqué de deux ſortes. Les vns ſont pour ſe les rendre propices & fauorables ; les autres pour les appaiſer, quand ils en ont receu, ſelon qu’ils s’imaginent, quelque diſgrace, ou ſe perſuadent auoir encouru leur ire & leur indignation. Voicy les ceremonies qu’ils gardent en ces ſacrifices. Ils iettent du Petun dans le feu, & ſi c’eſt par exemple au Ciel qu’ils s’addreſſent, ils diſent, Aronhiaté onné aonſtaniȣas taitenr, Ciel voila ce que ie t’offre en ſacrifice, aye pitie de moy, aſſiſte moy : ſi c’eſt pour impetrer la ſanté, taenguiaens, gueris moy. Ils ont recours au Ciel preſque en toutes leurs neceſſitez, & reſpectent ces grands corps ſur toutes les creatures, & y remarquent particulierement quelque choſe de diuin : auſſi eſt-ce apres l’homme la plus viue image que nous ayons de la Diuinité ; il n’y a rien qui nous la repreſente ſi clairement : nous y remarquons ſa toute-puiſſance dans les prodigieux effets qu’ils cauſent icy bas ; ſon immenſité dans leur vaſte eſtenduë ; ſa ſageſſe dans l’or-