Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/192

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mangent froid, ils ne vont point aux feſtins, ne ſortent que de nuit pour leurs neceſſitez : ils ſe font coupper au derriere de la teſte vne poignee de cheueux, & diſent que ce n’eſt pas ſans grande douleur principalement quand le mary pratique cette ceremonie à l’occaſion de la mort de ſa femme, ou la femme à l’occaſion de la mort du mary. Voila pour ce qui eſt du grand deüil.

Le petit deüil dure toute l’année : quand ils veulent viſiter ils ne ſaluent point, & ne diſent point Cȣay, ils ne ſe graiſſent point les cheueux ; les femmes neantmoins le font quand leurs meres le leur commandent, qui ont en leur diſpoſition leur cheuelure, & meſmes leur perſonnes ; c’eſt à elles de les enuoyer aux feſtins, ſans cela pluſieurs n’y iroient point. Ce que ie trouue de remarquable eſt que pendant toute l’année la femme ny le mary ne ſe remarient point, autrement ils feroient parler d’eux dans le Pays.

Les ſepultures ne ſont pas perpetuelles ; comme leurs Villages ne ſont ſtables que pour quelques années que dure la commodité des bois : les corps ne demeurent dans les Cimetieres que iuſques à la feſte des