Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/196

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tions eſtrangeres qui y ſeront inuitées. La reſolution priſe, comme tous les corps ſe doiuent tranſporter au Village ou eſt la foſſe commune, chaque famille donne ordre à ſes morts, mais auec vn ſoin & vne aſſection qui ne ſe peut dire : s’ils ont des parens morts en quelque endroit du Païs que ce ſoit, ils n’épargnent point leur peine pour les aller querir : ils les enleuent des Cimetieres, les chargent ſur leurs propres épaules, & les couurent des plus belles robes qu’ils ayent. Dans chaque Village ils choiſiſſent vn beau iour, ſe tranſportent au Cimetiere, ou chacun de ceux qu’ils appellent, Aihconde, qui ont eu ſoin de la ſepulture, tirent les corps du tombeau en preſence des parens qui renouuellent leurs pleurs, & entrent dans les premiers ſentimens qu’ils auoient le iour des funerailles. Ie me trouuay a ce ſpectacle, & y inuitay volontiers tous nos domeſtiques ; car ie ne penſe pas qu’il ſe puiſſe voir au monde vne plus viue image & vne plus parfaite repreſentation de ce que c’eſt que l’homme. Il eſt vray qu’en France nos Cimetieres preſchent puiſſamment, & que tous ces os entaſſez les vns ſur les autres ſans diſcretion des pauures