Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/198

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ſont nouuellement morts, ils les laiſſent en meſme eſtat, & ſe contentent ſeulement de les couurir de robes neufues. Ils ne toucherent qu’à vn Vieillard dont i’ay parle cy-deuant, qui eſtoit mort cette Automne au retour de la peſche : ce gros corps n’auoit commencé à ſe pourrir que depuis vn mois à l’occaſion des premieres chaleurs du Printemps ; les vers ſourmilloient de toutes parts, & le pus & l’ordure qui en ſortoit rendoit vne puanteur preſque intolerable ; cependant ils eurent bien le courage de le tirer de la robbe ou il eſtoit enueloppé, le nettoyerent le mieux qu’ils peurent, le prirent à belles mains, & le mirent dans vne natte, & vne robbe toute neufue, & tout cela ſans faire paroiſtre aucune horreur de cette pourriture. Ne voila pas vn bel exemple pour animer les Chreſtiens, qui doiuent auoir des penſées bien plus releuées, aux actions de charité, & aux œuvres de miſericorde enuers le prochain. Apres cela qui aura horreur de la puanteur d’vn Hoſpital, & qui ne prendra vn ſingulier plaiſir de ſe voir aux pieds d’vn malade tout couuert de playes, dans la perſonne duquel il conſidere le Fils de