Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/208

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en auoit encor vne, & quelques-vns iuſques à deux, dont ils furent couuerts. Voila tout ; de ſorte que ie ne penſe pas que chaque corps euſt la ſienne, l’vn portant l’autre, qui eſt bien le moins qu’il peuſt auoir pour ſa ſepulture ; car ce que ſont les draps & les linceux en France, ſont icy les robbes de Caſtor. Mais que deuient donc le reſte, ie le diray tout maintenant.

Sur les ſept heures ils deſcendoient les corps entiers dans la foſſe : nous euſmes toutes les peines du monde d’en aborder ; iamais rien ne m’a mieux figuré la confuſion qui eſt parmy les damnez. Vous euſſiez veu décharger de tous coſtez des corps à demy pourris, & de tous coſtez on entendoit vn horrible tintamarre de voix confuſes de perſonnes qui parloient & ne s’entendoient pas : dix ou douze eſtoient en la foſſe & les arrangeoient tout autour les vns aupres les autres. Ils mirent tout au beau milieu trois grandes chaudieres qui n’eſtoient bonnes que pour les ames ; l’vne eſtoit percée, l’autre n’auoit point d’anſe, & la troiſieme ne valloit gueres mieux : i’y vis fort peu de colliers de Pourcelaine ; il eſt vray qu’ils