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Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/23

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promettans qu’ils deſtourneroient les malheurs dont le Ciel les menace. Ces abuſeurs firent ioüer tous les reſſorts que les ſonges, & leur ceruelle creuſe leur peut ſuggerer, afin de faire pleuuoir, mais en vain, le Ciel eſtoit d’airain à leurs ſottiſes. Il y eut vn de ces sorciers nommé Theorenhaegnon plus fameux que les autres, qui promiſt merueilles, pourueu que tout le Pays lut fiſt vn preſent de la valeur de dix haches, ſans conter vne infinité de feſtins : mais ces efforts furent en vain, il auoit beau ſonger, feſtiner & danſer, il n’en tomboit pas vne goutte d’eau, de ſorte qu’il cõfeſſoit qu’il n’en pouoit venir à bout, & aſſeuroit que les bleds ne meuriroient point, mais le mal eſtoit pour nous, ou plutoſt le bon-heur, qu’il diſoit qu’il eſtoit empeſché de faire pleuuoir par vne Croix qui eſt vis à vis de noſtre porte, & que la maiſon des François eſtoit vne maiſon de demons, ou de gens méfaiſans qui eſtoiẽt venus en leur Pays afin de les faire mourir. Quelques-vns encheriſſans là deſſus diſoient que parauanture nous auions des reſſentiments de la mort d’Eſtienne Bruſlé, & que nous voulions tirer vengeance de tout le Pays pour la mort d’vne ſeule per-