Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/25

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ſoit à Dieu le quittant pour les Sorciers : car pour la mort ie croy que tous euſſent eſté tres aiſes de la ſubir pour la defenſe de la Croix. Nous aſſemblaſmes donc en notre Cabane les hommes & les femmes de noſtre village, attendu particulierement qu’eux ſeuls n’auoient point eu recours aux Sorciers, ains nous demandoiẽt continuellement que nous fiſſions pleuuoir. Ils ont ceſte penſée que rien ne nous eſt impoſſible : Ie leur dis que ny nous, ny aucun homme ne diſpoſoit de la pluye, ou du beau temps, que celuy qui a fait le Ciel & la terre en eſtoit ſeul le maiſtre, & la diſtribuoit ſelon ſon bon plaiſir ; que c’eſtoit à luy à qui il falloit auoir recours ; que la Croix que nous auions plantée n’empeſchoit point la pluye, veu que depuis que nous l’auions erigée il auoit pleu & tonné par pluſieurs fois, maus que parauanture Dieu eſtoit faſché de ce qu’ils en parloint mal, & de ce qu’ils recouroient à de meſchans Arendioȣane, leſquels ou n’auoient point de pouuoir, ou bien peut-eſtre cauſoient eux meſmes les ſechereſſes par les hantiſes & pacts qu’ils auoient avec le diable, & qu’au reſte tout ce qu’ils en faiſoient n’eſtoit que pour auoir des preſens ; que s’ils pouuoient