Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/67

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uie à ceux qui ſont deſia aux priſes auec toutes ces ſouffrances ; tous ces trauaux ne me ſemblent rien en comparaiſon de ce que ie voudrois endurer pour Dieu ; ſi ie fçauois vn lieu ſous le Ciel ou on ſouffriſt encor dauantage ie voudrois y aller. Ah qui que vous ſoyez à qui Dieu donne ces ſentimens & ces lumieres, venez, venez, mon cher Frere, ce ſont des ouuriers tels que vous eſtes que nous demandons icy ; c’eſt à des ames ſemblables à la voſtre, que Dieu a deſtiné la conqueſte de tant d’autres que le Diable tient encor maintenant en ſa puiſſance ; n’apprehendez aucunes difficultez, il n’y en aura point pour vous, puisque toute voſtre conſolation eſt de vous voir crucifié auec le Fils de Dieu ; le ſilence vous ſera doux, puisque vous auez appris à vous entretenir auec Dieu, & à conuerſer dans les Cieux auec les Saints, & les Anges : les viãdes ſeroient bien inſipides ſi le ſiel de noſtre Seigneur ne vous les rendoit plus douces & plus ſauoureuſes que les mets les plus delicieux du monde. Quel contentement d’aller par ces ſaults, & de grauir ſur les roches, à celuy qui a deuant les yeux cet aymable Sauueur haraſſé de tourmens, & montant le Caluaire chargé de ſa Croix ;