Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/77

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cœur plein de confiance en ſa Bonté, où ſa gloire les appelle. Et où pourrions nous chercher ceſte gloire ? ie diray mieux, où la trouuer plus épurée & deſgagée de nos propres intereſts ; qu’en vn lieu auquel il n’y a rien à eſperer que la recompenſe de les auoir tous quittés pour l’amour de celuy, de qui S. Paul diſoit. Scio cui credidi. Vous ſouuient-il de ceſte herbe, nommée la crainte de Dieu, dont on diſoit au commencement de noſtre Compagnie, que nos Peres charmoient l’eſprit d’impureté ; elle ne croiſt point dans la terre des Hurõs, mais il y en tombe du Ciel à foiſon ; ſi peu qu’on ſoit ſoigneux d’y cultiuer celle qu’on y apporte. La barbarie, l’ignorance, la pauureté & la miſere, qui rend la vie de ces Sauuages plus déplorable que la mort, nous eſt vne leçon continuelle, de regreter la cheute d’Adam, & de nous ſouſmettre entierement à celuy qui chaſtie encore ſa deſobeyſſance en ſes enfans, d’vne façon ſi remarquable, apres tant de ſiecles. Saincte Thereſe diſoit autrefois, qu’elle ne ſe trouuoit iamais mieux en ſes meditations, que dans les myſteres où elle trouuoit noſtre Seigneur à l’eſcart, & ſans compagnie, cõme ſi elle euſt eſté au iardin des Oliues. Et