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I

LA PHILOSOPHIE ET SON PASSÉ[1]

I


En un sens, toute pensée philosophique est commencement et initiative absolue. Pourtant, la pensée philosophique d’une époque, de la nôtre par exemple, a derrière elle un long passé, et ce passé lui est présent, lui imposant ses problèmes, son langage, ses traditions. « La présence du passé », selon l’expression de Jaspers, tel est le thème de cette communication. Mais il y a plusieurs manières pour le passé d’être présent : le passé tantôt pèse, tantôt aide ; il ne faut pas que la philosophie soit accablée sous le poids de son propre passé ; le passé doit être un auxiliaire. Comment est-ce possible ? En quel sens doit-il être présent ? C’est ce que je veux chercher.

La pensée des philosophes du temps passé peut subsister dans le présent de trois manières : 1o sous

  1. Communication au Premier Congrès national des Sociétés françaises de Philosophie, 1938, à Marseille, parue dans les Études Philosophiques, organe de la Société d’Études Philosophiques de Marseille, année 1939, fasc. I.