Aller au contenu

Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour elle-même. La conscience est un pour soi, une réflexion qui revient sans cesse à elle-même ; si elle croit être en soi ceci ou cela, c’est qu’elle est de mauvaise foi. Chacun de nous joue un personnage qu’il n’est pas ; car s’il l’était réellement, il cesserait d’être pour soi : toujours par conséquent l’analyse nous renvoie au vide.

Deuxième déception : le rapport de la conscience au monde. Notre conscience resterait tout à fait indéterminée, si elle n’était pas conscience de quelque chose ; il est essentiel pour elle, comme le répète M. Sartre après M. Heidegger, d’être un être dans le monde. Le pour soi qui est conscience et l’en soi qui est monde sont inséparables. Comme il n’y a de conscience que du monde, il n’y a de monde que sous la perspective d’une conscience. Mais affirmer cette relation n’est pas admettre le solipsisme idéaliste qui réduit les choses du monde à des modes de notre conscience ; la connaissance est une relation du pour soi avec un en soi, qui est de nature toute différente de lui. Le pour soi va-t-il trouver dans cette relation un appui pour son être ? Nullement : la connaissance est une simple présence de moi-même au monde, mais l’en soi du monde est comme une existence massive qui n’a pas pour ainsi dire d’intérieur et ne se laisse pas pénétrer. Dans un roman de M. Sartre, on voit un de ses personna-