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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/111

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mouvements du début du xxe siècle, un sentiment de triomphe, qui est fort loin de notre époque, et en même temps, une humanisation du style philosophique qui en venait au point d’abandonner comme inutile et nuisible tout le langage technique créé par les philosophies antérieures : en ce point non plus, alors que paraissent tant d’écrits obscurs et semés de termes techniques, notre époque ne se reconnaîtra pas.

On voit pourtant ce qu’elle en a gardé : mettre au centre de la pensée philosophique, le problème concret de l’homme, en refusant l’analyse réductrice et dissolvante, telle que Taine par exemple la pratiquait, tout aussi bien que la synthèse grandiose de Comte ou de Hegel. L’analyse, selon elle, vient se buter au sentiment du réel, d’un réel dont on ne peut dissocier les éléments sans le détruire, et par là elle garde beaucoup de ce sentiment de l’originalité des êtres qui est inséparable du bergsonisme.

D’où vient donc qu’elle rend un son si différent des travaux du début du siècle ? C’est en répondant à cette question que j’achèverai de la caractériser. Que l’on voie bien le contraste : où Bergson trouve des voies de passage, nos penseurs trouvent discontinuité ; là où Bergson considère la discontinuité entre les formes de l’être comme un résultat d’une vue des choses