Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles illuminent le présent par l’espoir d’un avenir où se consommera le temps, que ce soit la réalisation de l’humanité chez Comte, la révélation de l’esprit à lui-même chez Hegel, l’abolition de l’opposition capitalisme-prolétariat par la révolution chez Marx. Toutefois, et c’est là que je voulais en venir, le devenir objectif affirmé par la philosophie de l’histoire, étant fondé chez Hegel sur la nécessité dialectique et chez Comte sur la connaissance positive ou prétendue telle du progrès de l’humanité, ne trouve pas dans la subjectivité de chacun l’écho qu’y trouvait la conception chrétienne du temps ; de fait la philosophie de Hegel et de Marx ne peut se compléter que par le despotisme de l’État, et celle de Comte par des institutions religieuses qui sont comme une image trouble du culte catholique.

La chute de ces philosophies de l’histoire amène donc, soit un retour à la foi chrétienne, soit une dissociation entre la connaissance historique du passé, connaissance purement spéculative, et la libre initiative d’une action présente qui n’a pas à s’embarrasser du passé. Toutefois, dans ce second cas, une discontinuité radicale amènerait à des absurdités, puisqu’il faut bien d’une manière ou de l’autre, une durée continue et un usage de la connaissance du passé. C’est cette considération fort simple qui