cendance soit comme l’idée même et le modèle indestructible et toujours virtuellement présent du fait social élémentaire constitutif de notre être.
La spéculation sur la transcendance ne s’arrête pas là dans la pensée contemporaine. Le livre célèbre de M. Heidegger, Sein und Zeit, donne une notion de la transcendance qui est pour ainsi dire l’inverse de celle que je viens de décrire, mais qui est tout aussi ferme dans l’affirmation de la polarité du moi et du transcendant. Ce livre est rempli de thèmes pascaliens et pessimistes : l’homme jeté comme au hasard dans un coin perdu de l’univers, le souci de l’avenir, l’angoisse devant la mort. Tous ces sentiments qui ont pour lui une valeur de connaissance supposent que l’existence humaine, le Dasein, l’être là, comme il dit en un allemand intraduisible, est liée au monde par sa structure : l’homme est être-dans-le-monde. L’homme l’oublie parfois, lorsque, dans la vie quotidienne et active, il ne voit dans les objets que des points d’application pour son action ou lorsque, uni à d’autres pour atteindre un but commun, il oublie sa personne elle-même. Mais, sitôt qu’il s’arrache à ce divertissement, l’angoisse de la mort l’étreint, la mort, c’est-à-dire la suppression de cette polarité entre le moi et le transcendant qui avait arraché l’être au chaos originel tandis que la mort l’y replonge.