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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/139

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AURORA FLOYD

fusion à Felden, lui avait arraché une invitation pour Leamington, et, quinze jours après leur arrivée, il présenta ses formes athlétiques et son blond visage à la petite grille en bois du cottage. Aurora se prit à rire (c’était la première fois depuis sa maladie) en voyant ce fidèle adorateur, son sac de voyage à la main, se diriger, à travers le labyrinthe de gazon et de parterres de fleurs, vers la fenêtre toute grande ouverte à laquelle elle et son père étaient assis ; et Archibald, apercevant ce premier rayon de gaieté sur le visage de sa fille bien-aimée, put bien serrer Mellish dans ses bras, parce qu’il en avait été cause. Il aurait embrassé un saltimbanque, ou le paillasse de bas étage d’une baraque de foire, ou une troupe de chiens et de singes savants, ou tout ce qui, sur la terre, aurait pu inspirer un sourire à son enfant malade. Comme le monarque oriental des contes des fées, qui offre toujours la moitié de son royaume et la main de sa fille à celui qui pourra guérir la princesse de son mal de tête ou lui arracher sa dent, Archibald aurait ouvert un compte de banque dans la maison de Lombard Street, avec une somme fabuleuse pour débuter, à quiconque aurait pu procurer du plaisir à cette jeune fille, qui souriait maintenant pour la première fois de l’année à la vue de ce gros habitant du comté d’York, à la figure rosée, qui venait brûler son fol encens sur l’autel de cette divinité.

Il n’était pas supposable que Floyd n’eût éprouvé aucun étonnement concernant la cause de la rupture de l’engagement contracté entre sa fille et Bulstrode. Les tourments et la terreur endurés par lui pendant la longue maladie d’Aurora, n’avaient laissé de place dans son esprit pour aucune autre pensée ; mais depuis que le danger était passé, il n’avait pas peu réfléchi sur la brusque rupture survenue entre les amants. Il s’aventura une fois, dans la première semaine de leur séjour à Leamington, à parler à sa fille à ce sujet, et lui demanda pourquoi elle avait congédié le Capitaine. Or, s’il y avait au monde quelque chose d’odieux à Aurora, c’était le mensonge. Je ne dis pas qu’elle n’en avait jamais fait un dans le cours de sa vie. Il est certains actes de folie