Aller au contenu

Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
AURORA FLOYD

Elle lui parla alors de l’année de sa jeunesse dont elle ne pouvait rendre compte, et comment Talbot avait insisté pour avoir une explication qu’elle avait refusé de lui donner.

John l’écouta d’un air pensif, qui se changea en un rayonnement, lorsqu’elle se tourna vers lui et lui dit :

— Comment auriez-vous agi en pareil cas, monsieur Mellish ?

— Comment j’aurais agi, Aurora ?… j’aurais eu confiance en vous. Mais je puis faire une meilleure réponse à votre question, Aurora. Je puis y répondre en vous réitérant la prière que je vous ai adressée il y a cinq minutes. Soyez ma femme.

— Malgré ce secret ?

— Malgré cent secrets ! Je ne pourrais vous aimer comme je le fais, Aurora, si je ne croyais pas que vous fussiez la meilleure et la plus pure des femmes. Je ne peux pas croire cela un instant, puis douter de vous l’instant d’après. Je remets ma vie et mon honneur en vos mains. Je ne les confierais pas à la femme que je pourrais insulter par un doute.

Pendant qu’il parlait, son beau visage saxon rayonnait d’amour et de franchise. Tout son dévouement patient, auquel elle avait été si longtemps sans faire attention ou qu’elle avait accepté comme une chose toute naturelle, revint à l’esprit d’Aurora. Ne méritait-il pas une récompense, une compensation en retour de tout cela ? Mais il y avait quelqu’un qui lui était plus proche et plus cher, plus cher que Bulstrode même ne l’avait jamais été, et cette personne, c’était le vieillard à cheveux blancs qui se promenait dans les ruines, de l’autre côté de la plate-forme.

— Mon père sait-il cela, monsieur Mellish ? — demanda-t-elle.

— Oui, Aurora. Il m’a promis de m’accepter pour fils ; et Dieu sait que j’essayerai de mériter ce nom. Ne me laissez pas vous affliger, Aurora. Je sais tout à présent.