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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/185

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AURORA FLOYD

Le vieillard, après mûre réflexion, lui dit qu’il connaît un homme honnête, à ce qu’il croit, par le temps qui court, qui a été autrefois employé aux écuries de Richmond, et qui lui a écrit quelques jours seulement auparavant pour le prier de lui chercher une place.

— Mais le nom de ce jeune homme est sorti de ma mémoire, — ajoute Pastern ; — ce n’était encore qu’un petit garçon quand il était chez moi ; mais Dieu garde mon âme ! il y a de cela dix ans ! Je vais regarder sa lettre en rentrant à la maison, et je vous en écrirai. Je le sais capable, je le crois honnête, et je m’estimerai trop heureux, dit bravement le vieux gentleman en terminant, de faire quelque chose pour obliger madame Mellish.


CHAPITRE XIV

« L’Amour prit le sablier et le renversa de sa main charmante. »

Bulstrode céda enfin aux instances réitérées de John, et consentit à passer une couple de jours à Mellish Park.

Il se méprisait et s’en voulait à lui-même de cette concession absurde. Par quelle pitoyable farce la tragédie s’était-elle terminée ! Invité dans la maison de son rival, paisible spectateur du bonheur quotidien et banal d’Aurora, durant deux jours, il avait consenti à supporter cette situation embarrassante ; deux jours seulement, puis il reviendrait aux mineurs de Cornouailles, à son logement de garçon de Queen’s Square, Westminster, et se retrouverait sous sa tente dans le grand Sahara de la vie. Il ne lui était pas possible, quand il se serait agi du salut de son âme, de résister à la tentation de connaître la vie intime menée dans cette terre du comté d’York. Il voulait savoir avec certitude… qu’est-ce que cela lui importait, je vous le demande ? — si