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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/198

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AURORA FLOYD

nités du turf, Mellish avait coutume de donner là des audiences solennelles à son entraîneur ainsi qu’à son premier piqueur, au sujet des affaires de l’écurie.

Aurora risquait perpétuellement un coup d’œil dans cette chambre, à la très-grande joie et à l’extrême distraction de son excellent mari, qui trouvait que les yeux noirs de sa divinité étaient un terrible empêchement aux affaires, si ce n’est quand il pouvait décider Mme Mellish à prendre part à la discussion du moment, et prêter au petit conclave le concours de sa puissante intelligence. Je crois bien que John pensait qu’elle aurait pu distribuer les poids pour le Chester Cup aussi bien que M. Topham lui-même. C’était une si étonnante créature, que le peu qu’elle savait la mettait à même de paraître fort au fait de tous les sujets qu’elle abordait, et le naïf gentleman croyait avoir la plus sage, comme la plus belle et la plus noble des femmes.

M. et Mme Mellish revinrent dans le comté d’York immédiatement après le mariage de Lucy. Le pauvre John était inquiet au sujet de ses écuries ; car son entraîneur était atteint de rhumatismes chroniques, et Pastern ne lui avait pas encore écrit relativement au jeune homme dont il lui avait parlé dans le pavillon des courses d’York.

— Je garderai Langley, dit John à Aurora, en parlant de son vieil entraîneur ; car c’est un honnête garçon et son jugement me sera toujours utile. Sa femme et lui peuvent continuer à occuper l’appartement au-dessus des écuries, et le nouveau venu, quel qu’il soit, pourra habiter le cottage qui se trouve au nord du parc. Personne n’entre jamais par cette porte-là ; de sorte que le poste de garde n’est qu’une sinécure ; et le cottage est resté fermé depuis une ou même deux années. Je voudrais que Pastern m’écrivît.

— Et je veux tout ce que vous voulez, mon très-cher cœur, — dit respectueusement Aurora à son heureux esclave.

On avait peu entendu parler d’Hargraves, l’idiot, depuis le jour où Mellish l’avait chassé. Un des grooms l’avait vu dans un petit village des environs, et Stephen avait dit à cet homme qu’il vivait de certains petits services qu’il rendait