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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/205

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AURORA FLOYD

Mellish chercha parmi les liasses de papier qui étaient sur la table, tandis qu’Aurora, appuyée contre la boiserie de la fenêtre ouverte, suivait des yeux ses mouvements, et riait de son embarras.

Elle était parfaitement revenue à elle maintenant. On l’eût prise pour un tableau représentant le bonheur insouciant, à la voir ainsi penchée dans une de ces poses gracieuses et naturelles qui lui étaient particulières, soutenue par le montant de la fenêtre, et la tête entourée de jasmins, que la brise d’été agitait doucement. Tout en parlant à son mari, elle soulevait sa main dégantée, et cueillait les roses au-dessus de sa tête.

— Oh ! homme sans ordre et sans principes, — dit-elle en riant ; — je parie que vous ne la trouverez pas.

Je crains bien que Mellish n’ait laissé échapper bien bas un petit juron en remuant le tas de papiers hétérogènes dans lequel il cherchait la lettre absente.

— Je l’avais cinq minutes avant que vous n’entriez, Aurora, — dit-il, — et je n’en vois plus la moindre trace. Oh ! la voici !

Mellish ouvrit la lettre, et l’étalant sur la table devant lui, il toussa pour se préparer à la lire. Aurora était toujours appuyée contre la fenêtre, partie dans la chambre, partie en dehors, fredonnant un refrain populaire, et essayant de cueillir une rose à demi épanouie qui pendait d’une façon provocante hors de sa portée.

— Vous écoutez, Aurora ?

— Oui, le plus cher et le meilleur des hommes.

— Mais entrez donc, vous n’entendrez pas un mot d’où vous êtes.

Mme Mellish haussa les épaules comme pour dire : « Je me soumets à l’ordre d’un tyran, » et fit deux ou trois pas en avant ; puis, les yeux fixés sur John avec un balancement de tête d’une insolence enchanteresse, elle se croisa les mains derrière le dos, et lui dit :

— J’écoute.

C’était une femme insouciante, impétueuse, terriblement oublieuse de ce que Mme Powell appelait sa dignité ; elle