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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/256

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AURORA FLOYD

Puis avec un mouvement superbe de sa tête magnifique, et un éclair de ses yeux rayonnants qui semblait dire : « Esclave, obéis et tremble ! » elle disparut, laissant Mellish la suivre, tremblant, étonné, abasourdi, la tête assaillie de doutes et d’inquiétudes terribles, qui, comme des créatures venimeuses, lui rongeaient sourdement le cœur.


CHAPITRE XIX

Affaires d’intérêts.

Floyd était bien solitaire à Felden, privé de sa fille. Il trouvait peu de distractions dans l’immense salon, dans la salle de billard, dans la bibliothèque, pas plus que dans les charmantes galeries pleines de sièges confortables disséminés dans tous les coins, aux croisées richement tendues, aux coussins en damas, aux meubles de chêne, aux vases en porcelaine aussi hauts que les tables, et toutes égayées soit par les portraits aux lignes fortement accentuées, soit par les images, souriantes et efféminées, des ancêtres, que le banquier avait achetés dans Wardour Street. (En vérité, je crois que ces héros écossais, ces guerriers en perruques, ces grandes dames aux corsages à pointes, aux jupes relevées, aux robes à paniers, garnies de festons en rubans bleus, avaient été peints sur commande, et qu’il devait se trouver quelques items sur les livres du marchand de bric-à-brac, semblables à ceux-ci, par exemple : « Pour un chevalier porte-étendard tué à Bosworth, 25 liv. 5 s. ») Le vieux banquier, dis-je, paraissait sérieusement fatigué de son somptueux domaine, qui était de bien peu de valeur pour lui sans Aurora.

On n’est pas toujours heureux quand on vit dans de riches demeures, quoiqu’il soit généralement admis que c’est