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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/177

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AURORA FLOYD

cuivre. Mellish prévint le bedeau qu’un mariage aurait lieu le lendemain par autorisation spéciale.

— Je prendrai mon second certificat avec moi, — dit John en quittant l’église, — et après cela je voudrais bien voir celui qui oserait me regarder en face et me dire que la chère enfant n’est pas ma femme légitime.

Il pensait à Mme Powell en disant ces mots. Il pensait aux regards de dépit lancés sur lui et à la langue de cette femme qui le poignardait avec un tel acharnement. Il serait en état de la braver maintenant, elle ainsi que toutes les créatures du monde qui voudraient murmurer une syllabe contre sa femme.

Le lendemain, de très-bonne heure le mariage eut lieu. Floyd, Bulstrode et Lucy seuls y assistaient, c’est-à-dire à l’exception du bedeau et du sacristain, et d’un couple d’hommes qui demeurèrent dans l’église pendant la cérémonie, causant ensemble à voix basse jusqu’à ce que le prêtre eut ôté son surplis et que John eût emmené sa femme à la sacristie.

M. et Mme Mellish ne rentrèrent pas à Halfmoon Street ; ils se firent conduire à l’embarcadère du Great Northern, d’où ils partirent pour Doncastre par le train express de l’après-midi. John avait hâte de rentrer, car il avait laissé sa maison dans des circonstances particulières, et d’étranges bruits pouvaient s’être élevés sur son compte.

Le jeune châtelain n’y aurait pas pensé si cette idée ne lui avait été suggérée par Bulstrode, qui insista pour qu’il retournât immédiatement chez lui.

— Rentrez, John, — dit Bulstrode, — sans perdre une heure. Si par hasard il s’élevait quelque autre désagrément au sujet du meurtre, il vaut mieux pour vous et pour Aurora que vous soyez sur les lieux. J’irai moi-même à Mellish dans un jour ou deux, et j’emmènerai Lucy avec moi si vous le permettez.

— Vous le permettre, mon cher Talbot !

— J’irai alors. Adieu, et que Dieu vous garde ! Ayez bien soin de votre femme.