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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/18

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AURORA FLOYD

CHAPITRE XXI

Il dit seulement : « Je m’ennuie ! »

Conyers trouvait que les longues journées d’été étaient lourdes et pesantes à Mellish Park, dans la société de l’ex-entraîneur goutteux, des garçons d’écurie et d’Hargraves, et sans aucune autre ressource littéraire que le dernier numéro du Bell’s Life et quelques feuilles de papier fin, brillant et glacé, qu’on lui envoyait par la poste de King Charles’s Cross, dans la bruyante ville de Leeds.

Il aurait pu trouver assez d’occupation dans les écuries, s’il en avait eu l’envie ; mais après la nuit de l’orage, il y avait eu un changement notable dans ses façons d’agir, et l’étalage qu’il avait fait en paraissant fort occupé, lors de son arrivée au Park, s’était transformé en un laisser-aller qu’il ne déguisait d’aucune manière, et en une complète indifférence, ce qui faisait secouer la tête grise du vieil éleveur, et lui faisait dire à ses subordonnés que le nouveau venu était évidemment trop fier et trop grand pour sa besogne.

James se souciait peu de l’opinion des gens du comté d’York ; il leur bâillait au nez et les suffoquait avec la fumée de son cigare, avec une indifférence flagrante, qui s’alliait bien avec les couleurs splendides de son teint et l’éclat de ses yeux alanguis. Il avait pris la peine d’essayer de se rendre populaire le lendemain de son arrivée, et avait distribué des tapes sur les épaules de ses inférieurs d’une façon toute cordiale ; il avait serré les mains des uns et des autres de façon à se faire aimer des honnêtes paysans, qui étaient ensorcelés par son charmant visage et ses grandes manières. Mais après son entrevue avec Mme Mellish dans